ProfilSol utilise deux méthodes pour évaluer la structure d'un profil de sol minéral.
La première méthode repose sur une évaluation visuelle des caractéristiques pédomorphologiques utilisées pour relever la structure (type, classe, grade), la consistance et la porosité des sols dans le « Manuel de description des sols sur le terrain » du SISCan (1982). Une pondération a été appliquée à ces descripteurs pour qualifier la structure du sol sur une échelle de 0 à 10 en fonction de cinq groupes texturaux et des horizons du sol.
La seconde méthode évalue la structure par analyse d'image de sol déposé sur un coroplaste blanc pour exprimer sa structure. Les résultats sont rapportés en quatre classes avec l'évaluation visuelle et en trois classes avec l'analyse d'image, permettant de comparer les méthodes et de visualiser rapidement où se trouvent les problèmes dans le profil de sol.
ProfilSol permet de géolocaliser les profils et leur associer une date. L'utilisateur est ainsi en mesure de comparer différents profils de sols pris à différents endroits ou à différentes dates pour évaluer le niveau de dégradation d'un sol cultivé par rapport à un sol témoin ou son évolution dans le temps après la mise en place de mesures de correction ou de conservation des sols.
À terme, ProfilSol devrait évoluer selon la demande pour inclure de nouvelles fonctionnalités permettant d'évaluer sur le terrain d'autres propriétés ou indicateurs de santé des sols, de favoriser une approche collaborative ou communautaire pour qualifier l'état de santé et plus particulièrement la condition physique des sols.
Section A - Comment utiliser ProfilSol
A.1 - Où faire le profil ?
L'emplacement des profils dépendra des objectifs poursuivis (évaluation de zones problématiques l'effet des changements de pratiques) et il importe que le profil soit représentatif de la zone ciblée. Si vous ciblez des zones problématiques (ex. : zone compacte ou mauvais rendement), évitez les contours ou les extrémités du champ où la circulation est trop intensive.
Comparer les zones problématiques à un profil de sol en bonne condition physique (témoin). Le profil témoin doit se situer à proximité dans un sol de même nature (granulométrie et classe de drainage équivalente). Les sols sous haie brise-vent, friche, bord de clôture, vieille prairie ou des champs avec historique de bons rendements peuvent servir de zone témoin pour fin de comparaison.
A.2 - Périodes et conditions d'humidité
Périodes optimales
Début de saison jusqu'après les semis (entre avril et juin).
Fin de saison (septembre à octobre).
Périodes à éviter
Milieu de saison (juillet-août) où la végétation est trop importante ou le sol trop sec.
Régime hydrique saturé.
Conditions d'humidité optimales
Sol ressuyé (capacité au champ), d'humide à sec.
Conditions d'humidité à éviter
Trop sec - les sols argileux sont trop durs et difficiles à manipuler et les sols sableux se pulvérisent.
Sol trempé - saturé en eau.
Mise en garde La réalisation de travaux majeurs (ex. : sous-solage, travaux de drainage ou nivellement) va affecter significativement la structure de sols. Les profils de sols caractérisés dans une parcelle perturbée seront fortement variables d'un endroit à l'autre. Cependant, une caractérisation de ces sols peut nous permettre d'observer leur évolution dans le temps.
A.3 - Matériel nécessaire
Pelle ronde
Couteau à manche rigide
Gallon à mesurer
Bouteille d'eau
Coroplaste blanc de 33 cm x 44 cm pour prise d'image au format 4:3
Objets colorés (crayon de plomb, couteau, etc.) pour délimiter les horizons et les couches (facultatif)
Bâche (facultatif)
A.4 - Creuser le profil
Creuser un profil d'au minimum 45 cm de largeur et 60 cm de profondeur.
A.5 - Délimiter les couches
Identifier les horizons Ap et B
La délimitation entre les horizons Ap et B peut être identifiée par un contraste de couleur, de structure ou de granulométrie (texture et/ou fragments grossiers). Généralement, l'horizon Ap (enrichie en matière organique) est plus foncé que l'horizon B et sa limite inférieure varie entre 15 et 40 cm.
Identifier les couches intermédiaires
À l'intérieur des horizons Ap et B, il est possible d'observer une ou des couches avec une structure ou une couleur différente. On peut enregistrer jusqu'à trois couches intermédiaires par horizon.
Enregistrer la limite inférieure des couches
Saisir uniquement la profondeur de la limite inférieure de chacune des couches identifiées dans le profil.
Section B - Évaluation visuelle
B.1 - Prélever et observer un échantillon de sol
Prélever un échantillon de sol dans la couche du profil à évaluer à l'aide d'un couteau à manche rigide.
Manipuler légèrement l'échantillon pour visualiser la structure naturelle du sol.
Déposer l'échantillon sur le coroplaste pour mieux observer la structure.
Prélever plus d'un échantillon par couche pour mieux évaluer la structure.
B.2 - Qualifier l'état d'humidité de la couche
Humide: à capacité au champ, c'est-à-dire ressuyé après saturation ou pluie importante.
Sec: plus sec qu'à capacité au champ, mais pas trop sec.
B.3 - Déterminer le groupe textural
Le groupe textural est estimé manuellement au champ à l'aide de la méthodologie présentée ci-dessous. Toutefois, pour la détermination des sols squelettiques, on ne prend pas en considération le groupe textural. On estime plutôt le volume en fragments (>2 mm) dans le profil. Nous sommes en présence d'un sol squelettique lorsque le contenu en fragments est égal ou supérieur à 35% du volume de sol. La figure ci-dessous présente le regroupement des 13 classes texturales en cinq groupes texturaux.
B.4 - Type de la structure
Évaluer la forme des agrégats.
B.5 - Classe de la structure
Évaluer la dimension des agrégats en mm. Certains types ne s'appliquent pas.
B.6 - Grade de la structure
Degré d'agrégation (développement) de la structure. Le grade est évalué en observant la proportion d'agrégats et de particules de sols (non- agrégats) obtenue à la suite d'un léger écrasement du sol entre les doigts.
B.7 - Consistance
Résistance des agrégats à la déformation. La consistance est évaluée en écrasant légèrement l'échantillon entre les doigts. On estime alors la résistance des agrégats à l'écrasement/déformation. La qualification de la consistance varie en fonction de l'état d'humidité du sol.
B.8 - Porosité
Estimation du nombre de pores fins (0,5 à 2 mm) et grossiers (>2 mm) visibles à l'œil nu sur une surface de 10 cm x 10 cm d'un échantillon non-perturbé.
Section C - Évaluation par analyse d'image
C.1 - Matériel nécessaire
Coroplaste blanc de 33 cm x 44 cm en format 4:3.
Objet pour faire de l'ombre sur le coroplaste.
Étiquettes pour identifier le profil, l'horizon et la couche (facultatif).
C.2 - Procédure
Sans altérer la structure observée, étendre le sol sur le coroplaste.
Retirez les débris végétaux, les cailloux, les pierres ou autres impuretés, en excès.
En condition très ensoleillée, utiliser un objet pour faire de l'ombre sur la totalité du coroplaste pour uniformiser la luminosité.
Prendre la photo, en cadrant le plus précisément possible le coroplaste.
S'assurer de la netteté (focus) de la photo.
C.3 - Précautions
Éviter de trop manipuler l'échantillon pour ne pas désagréger la structure.
Ne pas mettre trop de sols.
Bien répartir les agrégats sur le coroplaste.
Éviter de prendre en photo des objets non désirés (ex. doigts ou mains).
Section D - Interprétation des résultats
Les résultats sur l'état de la structure sont rapportés pour chaque couche évaluée en quatre classes (de mauvais à très bon) avec l'évaluation visuelle et en trois classes avec l'analyse d'image (de mauvaise à bonne), permettant de comparer les méthodes et de visualiser rapidement où se trouvent les problèmes dans le profil de sol minéral.
